Cadeau de la science

Une nouvelle étape importante dans ma vie, la médecine moderne vient de m'offrir 12 ans de fertilité ; le 6 juin 2018, 10 de mes ovules ont été congelés.
 
Un an que j'y pense mais 6 mois depuis mon premier rendez-vous à la Clinique Eugin de Madrid, une clinique spécialisée dans la fertilité.
Quel soulagement ! J'ai l'impression que je peux de nouveau me projeter dans l'avenir, mon futur est potentiellement en sécurité dans un… congélateur.

​Pour être honnête si mon ex ne m'avait pas quittée je ne l'aurais jamais envisagé. Et pourtant de mon point de vue, chaque femme devrait le faire et cela le plus tôt possible. Combien de femmes ont eu ou ont des difficultés à avoir un enfant ? La cryopréservation c’est se donner une autre chance...C'est une assurance vie, une assurance pour donner la vie.
 
Comme la plupart des femmes, je m’imaginais rencontrer le prince charmant, me marier, acheter la maison de nos rêves, adopter un beagle ou un chow-chow, puis faire de merveilleux enfants. Seulement voilà, la vie en a décidé autrement. Pour ce qui est du mariage, ma foi j’ai déjà assouvi mon rêve avec mon mariage solo. Désormais devenir mère est un de mes souhaits. Le problème c’est que mon corps et mes ovaires ont une date de péremption qui approchent à grand pas.

Si avant 27 ans la probabilité de tomber enceinte est élevée (aux alentours de 80%), à 37 ans je n’ai déjà plus que 52% de chance d’être enceinte et ces chances diminuent de jour en jour.

Probabilité de grossesse (Graphique fourni par Timefreeze)
SANS ovules congelés
AVEC des ovules congelés

Et passé l’âge de 41 ans les chiffres chutent drastiquement et seulement 36% de chance d’être enceinte à 42 ans.

Bien évidemment, cela dépend également de votre santé et votre organisme, ce ne sont que des statistiques et il y a des exceptions à tout. Et soyons clair, la conservation d’ovules congelés n’est que la première étape, cela ne veut pas dire que vous pourrez être enceinte…

J’ai alors décidé d’opter pour la cryopréservation de mes ovocytes, processus qui va repousser de 10 ans ma stérilité. A ma grande surprise, j’ai découvert que cela n’est pas autorisé dans 3 pays européens, l'Autriche, Malte et la France ! Toutefois, en France cela peut être accepté pour certaines raisons médicales ou dons d’ovules. Les femmes françaises se rendent généralement en Belgique ou en Espagne pour pouvoir effectuer cette procédure.
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En Australie, premier pays qui a donné accès à cette méthode, c’est une pratique courante et encouragée là-bas. Vivant désormais en Europe, j’ai choisi de me tourner vers l’Espagne qui est le leader européen dans le domaine et pratique plus de 60% des collectes d’ovocytes.

Le temps passé et l’argent pour financer ce projet, c’est tout ce que je sauve pour plus tard. C’est le prix pour ne pas avoir de regrets.

Une amie m’a dit combien émotionnellement il était plus facile de gérer cette situation seule qu’en couple.
Alors oui, il est difficile de gérer tout cela seule mais je suis forte et résistante, et c’est pour la bonne cause. Je le fais pour moi mais pas seulement, je pense à mon éventuel compagnon qui voudra des enfants de moi. Je pense aussi à un de mes amis gays qui souhaite devenir père un jour, et puis à ma petite sœur. Qui sait qui peut avoir besoin de mes ressources ?

Les hommes peuvent procréer plus ou moins à tout âge, ils n’ont pas conscience de cela mais ils devraient car à moins d’être en couple avec une très jeune femme, eux aussi connaîtront les problèmes de la stérilité. Et si justement c’est monsieur qui a un désordre, madame sera en mesure d’attendre qu’il soit en pleine forme.
 
Désormais de grandes entreprises américaines ont compris ce besoin et financent pour leurs employés des mesures de procréation et d’accès à la parentalité.
Pour n’en citer que quelques-unes : Apple, Facebook, Estée Lauder, Spotify, Netflix, Patagonia…

On ne sait jamais ce que la vie nous réserve et malheureusement cette préservation est fortement recommandée dans le cas d’endométriose, ou avant de commencer une chimiothérapie pour un cancer.
 
J’ai pris la liberté de prolonger ma fertilité, une liberté qui n’a pas de prix ! Et je l’espère un droit aux femmes qui sera acquis dans les prochaines années comme le sont le droit à la contraception et à l’avortement.
 
Merci à toute l'équipe de la clinique qui a été aux petits soins avec moi de A à Z, et un remerciement tout particulier au Dr Manuel Izquierdo et l'infirmière Beatriz, tellement à l’écoute et si prévenant. 
 
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Chanson : Only love can hurt like this de Paloma Faith